
Exploration d’une peinture qui ouvre les mondes
Il existe des langages qui ne se parlent pas avec des mots.
Des langages qui vibrent, qui murmurent, qui circulent dans la peau avant de se faire comprendre.
C’est dans ce territoire-là que naissent mes tableaux.
Je n’ai jamais envisagé la peinture comme une représentation.
Pour moi, elle est une traversée.
Une invitation à passer de l’autre côté de ce qui semble solide et certain,
pour entrer dans un espace où la lumière, l’ombre et l’invisible dialoguent en silence.
Chaque toile commence par un mouvement qui échappe à l’intention.
Un souffle, parfois doux, parfois brut, qui m’entraîne là où je ne m’attendais pas à aller.
Je ne cherche pas à maîtriser ce qui arrive : je l’écoute.
Je le laisse grandir, se déployer, devenir plus vaste que mes propres contours.

Au fil des gestes, quelque chose s’ouvre.
Une fissure lumineuse.
Un seuil intérieur.
Une zone où le réel se découd et laisse apparaître un monde plus profond, plus juste, plus libre.
Je peins pour faire respirer ce passage.
Pour offrir un espace où chacun peut rencontrer une part de lui-même
qui n’a pas encore trouvé les mots pour exister.
Mes tableaux ne racontent rien : ils appellent.
Ils murmurent.
Ils invitent.
Certains y voient une sensation d’origine, d’autres une direction, d’autres encore un rappel de ce qu’ils portent en eux depuis longtemps.
Peu importe ce que chacun perçoit :
l’essentiel n’est pas de comprendre, mais de sentir.
Dans un monde saturé d’images, j’essaie de créer des lieux.
Des lieux où l’on peut se déposer,
respirer,
traverser,
et peut-être reconnaître une lumière qui semblait perdue.
Si mes œuvres ouvrent un passage vers un « meilleur »,
ce n’est pas parce qu’elles le promettent.
C’est parce qu’elles le révèlent :
il était déjà là, en attente, quelque part dans l’ombre douce.
Créer, pour moi, c’est activer ces portes.
Et les offrir, une à une, à ceux qui s’aventurent à les franchir.

